Le survivalisme en France, définition d'Homme Gris
- Écrit par Homme Gris
- Publié dans Société / Sorties
- Lu 18997 fois
- 15 Commentaires
Pour la plupart des gens qui se sont penchés sur le sujet, ce que nous avons l'habitude de faire et notre façon de penser en règle générale porte le nom de survivalisme. Je rassure tout le monde sur ce point : Le survivalisme est une "étiquette" qu'on a tendance à nous coller ici en France parce qu'elle ressemble vaguement au mouvement survivaliste Outre-Atlantique.
En somme si on interroge des néophytes, ils répondront "Un survivaliste, c'est un mec taré à moitié facho qui crois en la fin du Monde, qui fais des stock de conserve et qui est sur-armé".
Qu'on se le dise ... les survivalistes en France sont bien loin de cette définition.
Malgré ça, hélas, force est de constater que les médias en règle générale alimentent cette image.
Quelles sont les slogans ?
Les devises communes au survivalisme sont :
"Don't tread on me" (Ne me marche pas dessus) et "Nous nous préparons au pire en espérant le meilleur".
C'est à peut près les seuls points communs qu'ont les survivalistes entre eux car toutes les personnes sont différentes dans leurs actes, leur goûts, leur préparations et leur vie.
Un survivaliste français, c'est qui alors ?
Difficile de répondre à cette question si on réfléchi tant soit peu et si nous n'aimons pas ranger les personnes dans des cases ... malgré celà je vais tâcher de répondre à cette question du mieux possible.
Un(e) survivaliste en France est une personne qui a une philosophie de vie et qui au quotidien va :
- Anticiper les accidents du quotidien (accidents domestiques et de la route par exemple).
- S'il est parent, protéger ses enfants de la sur consommation, des accidents et les sensibiliser de manière pédagogique à l'univers résilient et à l'autonomie
- Se consacrer à l'autonomie énergétique et veiller au non gaspillage de l'énergie sous toutes ses formes.
- Se consacrer à l'autonomie alimentaire et recycler les déchets
- Se consacrer à l'autonomie financière et prévoir les lendemains "difficiles"
- Anticiper les risques de catastrophes climatiques ou nucléaires
- Anticiper les risques de conflits et agressions
- Se consacrer aux rapports sociaux, en priorité le voisinage.
Un(e) survivaliste, selon son vécu, sa personnalité, ses sensibilités et son éducation décidera du "comment".
Toutefois, les actions les plus courantes vont être :
- L'apprentissage des travaux manuels et/ou d'artisanat.
- L'indépendance au niveau du travail.
- L'élaboration et le maintient d'un potager (classique, permaculture) de la façon la plus naturelle possible.
- L'apprentissage de la cuisine et de la botanique.
- L'apprentissage de la medecine et du sauvetage.
- L'apprentissage du maniement des armes et/ou de techniques de défense.
- L'apprentissage des règles de la survie, qu'elle soit urbaine ou rurale.
- La suppression des addictions (tabac, alcool, ...)
- La constitution et la maîtrise à l'utilisation de "modules" divers (sac d'évacuation, saccoche médicale, malle dans véhicule, etc.)
- L'élaboration de récupérateurs d'eau de pluie, d'un puit et en règle générale le non-gaspillage de l'eau.
- Les techniques de purification d'eau, les bases de l'hygiène alimentaire.
- Les techniques du bushcraft et de la survie en forêt.
- La construction d'une base autonome durable ou l'aménagement de son domicile pour la résilience.
Beaucoup de blogs, de vidéos et de sites détaillent les points essentiels de l'autonomie. Le dernier que j'ai consulté et qui, à mon sens est très bien expliqué provient de La Sentinelle, voici le lien : http://siennasentinelle.blogspot.fr/2015/10/lautonomie-pour-les-nuls-ou-les.html
Souvent, un(e) survivaliste utilisera les connaissances et les outils des écologistes, des militaires, des randonneurs, etc. pour être le plus autonome et préparé possible.
Parmi les survivalistes en France, on trouvera beaucoup d'amoureux de la nature, quelques-uns verront le végétalisme comme une réponse à la résilience alimentaire et d'autres prioriseront la chasse ou la pêche.
Peut importe, chacun tente de se préparer du mieux qu'il peut et il est bon de constater que tout ce petit monde, constitué de personnalités parfois opposés, discutent, échangent, conseillent, font des retours d'expérience et en règle générale se "serrent les coudes". Il y a des conflits internes, ce qui est normal, car nous savons que la réalité de la vie actuelle est loin d'être aussi "lisse" qu'on tenterai de nous le faire croire.
Politiquement, un(e) survivaliste n'est pas très "friand" de l'Etat providence, en somme il sollicitera très peut, voir jamais l'Etat ou ses différents services. Cela dit, il n'est pas contre l'Etat, certains survivalistes sont très politisés, d'autres pas du tout, mais en règle générale, il tâchera de gagner de l'indépendance face à lui partant du principe altruiste "Si je peux me débrouiller sans solliciter l'Etat, ça laisse une place pour une autre famille qui n'aura pas su (ou souhaité) être autonome".
Pour éviter d'être pris pour ce qu'il n'est pas, certains survivalistes auront tendance à "se taire" ou "se cacher", réfutant cette étiquette, il se qualifieront de "prepper" qui serait un terme plus "doux" ou feront "l'homme gris" car ils savent, et l'histoire le montre sans cesse, que les minorités sont stigmatisées et parfois deviennent des cibles.
En cela le survivaliste est solidaire des minorités tentant de survivre car il en fait également parti !
J'espère vous avoir éclairé sur la dénomination du survivalisme en France dans ses grandes lignes. J'espère surtout qu'il n'y aura pas d'amalgame entre ce que vous pouvez voir dans les reportages télévisés et les fantasmes qui gravitent autour du survivalisme et sa réalité bien loin de l'homme habillé en treillis équipé d'un fusil d'assaut en train de fabriquer son bunker et rempli de haine xénophobe et homophobe.
Cette caricature est en générale propagée et diffusée prenant en exemple les rares cas "spectaculaires" et parce qu'un(e) survivaliste, bien que ne refusant pas la modernité, aura souvent une attitude "à l'ancienne" dans sa consommation et ses préparatifs, et parfois apprendra des techniques résilientes des moments troubles de notre histoire (Pour la plus récente, nos grands parents ont du faire face à une guerre, ont été rationnés, certains déportés, emprisonnés, d'autres ont pris le maquis, ...).
Les survivalistes croient-ils en la fin du Monde ?
Personne de normalement constituée aimerait que cela arrive, non ?
Et bien un survivaliste ne réfute pas cette probabilité et tâchera de s'y préparer.
Cela dit, il aura tendance à élaborer ses préparatifs en fonction des probabilités, il sait qu'il aura plus de chance d'avoir un accident de la route que de se trouver téléporté par des extra-terrestres dans une autre dimension ... donc il constituera une caisse à outil avec une trousse de soins dans son véhicule plutôt que de se fabriquer une fusée à la Tintin ^^
Les survivalistes sont des psychoteurs, des pessimistes, des alarmistes ?
Je dirais qu'ils sont pragmatiques, optimistes et sensés (parfois ils peuvent même avoir de l'humour, sans rire !) ...
Le survivalisme est un mouvement obscure ?
Si tel est le cas, alors vous aussi qui me lisez êtes un survivaliste parce que vous avez un gilet jaune dans votre voiture, vous avez une assurance habitation, vous souhaitez peut-être devenir propriétaire de votre habitation si ce n'est pas déjà le cas non ?
Que pense notre Etat du survivalisme ?
On se rend compte, de plus en plus, que le gouvernement français nous incite (et parfois oblige) à prévoir les risques. Faites un tour sur http://www.risques.gouv.fr/ par exemple.
L'Etat lui-même se protège et tente de protéger ses citoyens, un survivaliste va appuyer d'avantage les préparatifs.
Après tout, s'il y a un météorite qui nous tombe dessus, tout le monde mourra, autant être fataliste, pourquoi les survivalistes s'obstinent à survivre et perdent du temps à se préparer ?
Vol West à répondu très justement à ce genre de propos par : "La bonne question est : Et si justement tu ne meures pas ?"
Un(e) survivaliste va anticiper et au pire se préparer à la souffrance psychologique et physique pour éviter "l'effet de surprise" et se trouver démuni ... il veut en outre avoir toutes les cartes en main pour subir le moins possible et s'adapter (être résilient).
Pour être "au point", il faut combien de temps ?
ça prend des années de préparation quotidienne, c'est une philosophie de vie ... ce sont des habitudes et des réflexes.
J'ai vu que beaucoup s'équipaient, ça coûte très cher !
Que répondre à ça ?
C'est une façon de "repenser" ses habitudes de vie, sa logistique et donc ses dépenses.
A l'heure où, en France, nous sommes dans la consommation à outrance d'un côté et que d'un autre côté beaucoup trop survivent au quotidien, tout est une question de priorité ... avec le prix d'un IPhone, vous pouvez acheter 5 récupérateurs d'eau de pluie, acheter un petit terrain à deux ou trois familles en Ariège, acheter une cinquantaine de bouquins d'apprentissage, acheter une multitude de graines pour votre culture, que ce soit dans un bac à fleur sur votre balcon ou parce que vous avez pu acheter une bêche et vous avez établi un petit potager de 30M2 qui remplacera votre beau gazon aquavore.
Je n'ai pas le temps, entre le travail, les enfants, les dettes, etc.
Il faut savoir que la majorité des survivalistes ont des enfants, un travail, des dettes ...
Si vraiment vous estimez ne pas avoir une minute devant vous, alors en effet ... il est temps de changer de vie !
Au lieu de vous "détendre" devant des émissions formatées ... détendez-vous avec un petit livre qui vous apprendra la botanique par exemple.
Du temps, on en a tous, c'est aussi une question de priorité.
Ce sont de jolis discours mais j'habite en ville, j'ai pas le choix pour mon travail !
Allez, faites-vous un peu violence, si vraiment vous en avez marre, tentez de trouver un job en province, à la campagne, budgétisez tout cela au lieu de vous morfondre ... Et après, on dit que les survivalistes sont pessimistes ?
Bon, je reconnais que c'est très loin d'être évident ... Ayant grandi et vécu près de 30 ans en ville en région parisienne, passant 4h/jour dans les transports et vivant en appartement, croyez-moi, je sais ce que beaucoup de gens vivent, et en cela je suis solidaire.
Malgré ça, c'est possible si on le veut vraiment, il suffit de préparer son projet tranquillement, même si on a pas un "rond" de côté.
Mon premier conseil serait de "se fabriquer" son travail, ainsi il devient "exportable" et indépendant pour le coup !
Si vous avez des questions ou des demandes de conseils, n'hésitez pas, le formulaire de contact est fait pour ça et ma page facebook également.
Beaucoup de gens ont une approche survivaliste mais ne le savent pas ?
Oui, comme dit plus haut dans cet article, le mot "survivaliste" est une étiquette, rien de plus. Beaucoup de gens sont survivalistes et ne savent pas que leur façon de vivre porte un nom ... d'ailleurs, et c'est tout en leur honneur : Ils s'en fichent éperdument !!!
Ha je croyais que vous étiez une sorte de secte ! Je suis rassuré :)
Oui, je comprends ... Beaucoup de survivalistes font des stocks de conserve, mais mes grands-parents le faisaient aussi, et pourtant, ils ne faisaient pas parti d'une autre secte que celle commune à leur contemporains : Se préparer au pire en espérant le meilleur.
15 Commentaires
-
Guigui dimanche 19 juin 2016 22:02 Lien vers le commentaire
Hey l'homme gris,
C'est pas forcèment des règles absolues à suivre quoi qu'il arrive mais plus des concepts qui sont bcps cités ds le milieu sur les sites et blogs américains.
Tout le monde étant libre de faire sa vision de survivalisme, à la fin de la journée chacun va voir midi à sa porte.
Personnellement ils m'ont bcps aidé au début à structurer mes efforts (et plus important encore ma pensée).
Two is one, one is two vient de l'armée américaine. Qd tu sais le nombre de preppers et survivalistes américains qui sont des vétérans c'est pas surprenant de voir sa popularité de l'autre coté de l'Atlantique.
Voici quelques articles américains dessus, ils ont sont très fans:
http://thesurvivalmom.com/understanding-two-is-one-one-none-concept/
http://graywolfsurvival.com/208978/the-two-is-one-and-one-is-none-fallacy/
http://www.survivalbased.com/survival-blog/7186/two-is-one-and-one-is-none-the-art-of-redundancy/
Donc pas forcèment des règles absolues mais plus des concepts qu'on retrouve fréquement ds le milieu du survivalisme américain.
Pour en venir à ta question. Entre autre les différences culturelles ce sont plus les différences légales qui créent des différences. Au UK il est très difficile de se procurer une arme à feu, la chasse est très réglementer et le camping aussi. Dc bcps de gars ont une arbalète au lieu d'une 22 lr ou d'un cal. 12. En france c'est possible d'avoir une arme de poing au UK c'est impossible.
Après on assiste à l'émergence au UK d'une tendance a l'auto-sufficense ac le retour en mode des homesteads (mini farme). Comme aux USA en France je sais pas?..
Aussi l'Angleterre est une petite île surpeuplée donc trouver un coin tranquile pour le bug out (pour ceux qui veulent quitter leur domicile en cas de crise majeure) est tjrs un concerne.
J'espère que ça répond à ta question.
Bonne chance pour le blog. -
Guigui jeudi 16 juin 2016 00:18 Lien vers le commentaire
Salut l'Homme Gris,
Un bon article, je dois avoué être surpris de voir une mouvance de survivalisme en France. Je suis expat en Angleterre depuis 5 ans donc mon contact avec la perparedness/prepping est anglo saxon.
Parfois c'est marrant de voir les termes traduit en fançais.
Oui tu as raison le survivalisme ou résilience ce décline en bcps de versions differentes-les buschcrafters, les homesteaders (orientés vers une vie plus simple ac une petite exploitation agricole), les tacticools, les hommes gris et les bricolos (font tt eux-mêmes et sont super radins) etc.
2 autres maximes pour les preppers sont:
Two is one, one is none ou deux c'est un, un c'est rien. Toujours avoir un plan B ou un outil de rechange, par exemple avec un couteau principal mais aussi un second couteau (plus petit et peut-être pliant rangé à un endroit different).
La règle de trois-chaque prep (préparation) doit avoir au moins 3 usages différents, surtout pour le bug out bag ou le EDC. Un bandana peut protégé du soleil, filtrer de l'eau (de façon très basique certes), servir de pansement d'urgence etc. Le même principe s'applique au reste. Par exemple pour l'autonomie alimentaire les experts recommendent d'avoir un potager (mini farme vraiment), de conserver sa propre nourriture (canning en français?) Et d'avoir des stocks qui restent mangeable pour plusieur décennies.
Don't thread on me, ne me marche pas dessus est très politisé comme slogan, le Tea Party l'a repris comme slogan. C'est une déclaration politique le plus souvent pour les libertériens de droite. C'est une très forte connotation politique.
Bonne chance pour tes preps et ton blog -
Volt mardi 3 mai 2016 21:11 Lien vers le commentaire
Bonsoir,
L'article est très intéressant, je débute un peu dans le survivalisme.
J'aime beaucoup c'est très "rafraichissant", on retrouve un lien vers nos "racines", un contact avec nos basiques.
Lorsqu'on me demande "pourquoi ?" j'aime beaucoup retourné la question en "à l'heure actuelle est ce que tu penses que notre système de vie est viable ?".
Du coup on essaye d'apprendre à être autonome (dans la limite du possible) en retournant à de l'agriculture, l'apprentissage du comment purifier de l'eau, construire un abris, se débrouiller ...
Par contre un point qui me fait reflechir à chaque fois, c'est la BAD (base autonome durable) pour les gens qui n'ont pas forcément les moyens. Beaucoup de gens en parlent comme si ça coulait de source. Mais dans la faisabilité de la chose c'est nettement plus compliqué.
Acheter un terrain à plusieurs familles d'accord, mais encore faut il trouver les familles en question, que le courant passe suffisament et que la confiance soit présente (très difficile à notre époque) ... Si vous avez des conseils la dessus je suis preneur ;).
Les idées/hypothèses dont je parle vienne de moi, vous avez tout à fait le droit de ne pas être d'accord avec mes propos. -
Jeff dimanche 7 février 2016 04:35 Lien vers le commentaire
Superbe article, les réponses sont claires et détaillés. Très sensé, tout ça.
Tu sais de quoi tu parles, BRAVO. -
kernos vendredi 23 octobre 2015 14:42 Lien vers le commentaire
J’apporte une petite nuance sur « QUE PENSE NOTRE ETAT DU SURVIVALISME ? ». En effet, l’État nous invite à nous préparer et à pouvoir être autonome dans certains cas de crise. Mais en même temps, un rapport de l’État classe les survivalistes (les gens qui se préparent en cas de risques majeurs) comme individu suspect à surveiller au même titre que les sectes.